La récente collaboration entre Supreme et le designer Adam Kimmel suscite autant d’excitation que d’interrogation.
Éclairage complémentaire avec les interviews de James Jebbia et de Kimmel.
Rarement un simple costume édité en deux coloris aura autant provoqué le débat. Un débat du même acabit que celui généré l’an dernier lorsque Supreme croisait sur le chemin de Thom Bowne pour la création de trois chemises.
Alors, Supreme est-il assez légitime pour offrir à son (très large) public un costume ? Homecore l’avait (quasiment) fait en France il y a 10 ans environ, et déjà, le débat était enflammé.
Une marque dont les racines viennent du skate et de la rue, peut-elle se permettre un jour de proposer des silhouettes plus matures à tous ceux qui ont grandi et muri avec elle ?
La réponse est probablement oui, surtout si dans le même temps, elle continue à ne pas se couper de ses bases et propose une offre qui correspond toujours à son premier public. Supreme ne déroge pas à cette règle, et les tshirts, sweats, caps et autres decks demeurent ses principaux produits.
Dans le même temps, Supreme s’adresse aussi à une autre communauté, qui à l’instar de Jebbia, le fondateur, n’a jamais pratiqué le skate mais se reconnait dans les valeurs de cette culture, et celles dégagées par la marque depuis 1994. Un public souvent plus adulte, parfois plus cultivé, qui attend de Supreme des projets ambitieux, et pas seulement un tshirt blanc avec un box logo rouge dessus.
On dit souvent que la culture street évolue, qu’elle est plus mature aujourd’hui qu’il y a 10 ans, qu’elle s’est professionnalisée et industrialisée. On dit aussi, pour schématiser, que ses plus anciens adeptes ont troqué leurs baskets et tshirts pour des chaussures et des chemises Oxford. Le cliché à la vie dure, mais il y a malgré tout une part de vrai dans tout ça.
C’est dans ce sens de l’histoire que s’inscrit cette collaboration. Qui d’autre que Supreme pouvait prendre le risque de proposer un costume deux pièces aujourd’hui ? La démarche est tellement facile à condamner, qu’on préfère en souligner l’audace.
N’ayant pas pu l’essayer, ni même le voir en vrai, on ne peut pas pour autant en souligner le brio.
Pour en savoir plus sur le projet, retrouvez deux interviews de Jebbia et Kimmel, signées Takumi Suzuki, pour le magazine Honeyee, ICI.
Les costumes Adam Kimmel pour Supreme sont disponibles depuis le 31
mars dans les boutiques de la marque aux États Unis et au Japon.