Le Musée Ethnographique de Neuchâtel en Suisse propose jusqu’au 1er mars 2009 une exposition renversante sur les valeurs de la jeunesse dans nos sociétés contemporaines : exemplaire.
L’ethnographie, c’est comme l’art contemporain. Ca fait peur. Ca a l’air complexe, réservé, élitiste. Pourtant, l’un comme l’autre, sont des reflets et des analyses de nos sociétés actuelles. Plus que jamais, ils deviennent abordables, démocratiques, enclin à multiplier les crossovers avec la « low culture ».De même, les jeunes sont souvent perçus dans une vision néfaste et dangereuse, englués dans des stéréotypes souvent avilissants. De ce fait, on ne peut que saluer la magnifique initiative du Musée Ethnographique de Neuchâtel (une référence en la matière) en Suisse qui décide, avec l’exposition La Marque Jeune, du 28 juin 2008 au 1er mars 2009, d’évoquer avec clairvoyance et précision, l’état actuel réel de ce que représente la jeunesse dans la société.
Une exposition superbe, découpée en différentes parties, abordant tous les points de vue possibles sur la représentation, la place, la récupération, la médiatisation ou encore l’expression de la jeunesse en Suisse évidemment, et, par extension, dans le reste du monde.
La jeunesse est une notion récente, passage transitoire obligatoire vers l’accession à l’âge adulte raisonné. Le phénomène, stigmatisé, est répété de manière récurrente depuis les années 1950 et l’éclosion d’une génération emprise de libertés. Vecteur de peurs et source de tous les fantasmes possibles, elle est récupérée par les médias avant d’être exploitée, jusque dans sa révolte par une société hyper mercantiliste. Enfin, la jeunesse, dans une mise en parallèle avec des traditions séculaires (comme l’atteste la tête de reliquaire fang, gardienne des crânes des ancêtres, à contempler par l’initié pour devenir un adulte complet), rappelle qu’elle est une notion à mettre essentiellement en perspective dans son rapport au rite et dans les liens intergénérationnels. Si la jeunesse est une marque, elle est, aussi, une empreinte.
A noter que l’art contemporain est, en toute logique, présent de par son intervention dans sa réappropriation des marques de la jeunesse, avec notamment la très belle photographie We only move when something changes d’Olaf Breuning ou la subtile et révoltée toile Implicit Content d’Elodie Lesourd.
Si vous ne pouvez pas vous déplacer jusqu’à la jolie contrée de Neuchâtel, le catalogue de l’exposition est tout aussi indispensable et enrichissant. A commander directement sur le site du musée.