La star montante de la peinture new-yorkaise a déjà conquis l’Amérique. Avant le reste du monde ?
Kehinde Wiley est un Maître Ancien. En peignant dans des décors somptueux empreints d’ornementations, anonymes et célébrités, il réhabilite l’art du portrait dans la plus pure tradition européenne des 17 et 18èmes siècles. S’il s’inspire autant d’Ingres que de David, cela ne l’empêche pas de peindre LL Cool J en Rockfeller, Ice T en Napoléon (« Qui d’autre que moi mériterait d’être Napoléon ? » a déclaré le thé glacé) ou d’avoir un projet en préparation avec Michael Jackson.... C’est ça l’Amérique.
Si sa série sur les stars du Hip Hop US est la plus médiatique, elle ne doit cependant pas occulter le reste de son travail. En portraitisant de jeunes anonymes dans des postures sacralisées, Wiley réfléchit principalement sur la condition noire-américaine à laquelle il veut (re)donner une place dans l’histoire de l’art occidental et, indirectement, dans la société. Décalage (voire recouvrement) fond / surface, idée de reprise et de détournement (remix), sa peinture bien que parfaitement exécutée, agit comme un classicisme à contre-courant. Wiley retourne les traditions et innove avec de l’ancien : un (très) grand DJ de l’art en somme où se retrouvent combinés célébrité, ego, religion, politique et art. Kehinde Wiley, interroge tout simplement toutes les formes du Pouvoir, partout où il se trouve. Prochaines cibles : les dictateurs africains, les femmes et la statuaire italienne... vaste programme !
Actuellement au Studio Museum d’Harlem, NYC (17 juillet - 26 octobre) avec The World Stage : Africa, et au National Portrait Gallery de Washington dans la très belle exposition Recognize ! Hip Hop and contemporary portraiture (8 février - 26 octobre) la Deitch Projects lui a programmé une exposition personnelle en novembre intitulée Down : vous allez forcément entendre reparler de ce nouvel Imperator.