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Rencontre avec Kiri, le fondateur de la légendaire marque japonaise, Revolver.
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Peux tu revenir sur les débuts de Revolver ?
A 17 ans, je suis venu à Paris pour la première fois et j’ai réellement pris conscience de ce que pouvait être la mode. J’ai commencé à m’intéresser à tout ce qui se faisait, que ce soit en matière de street wear ou de prêt-à-porter de luxe. Et puis il y a 10 ans, j’avais 20 ans à l’époque, j’ai fait quelques t-shirt pour m’amuser et ils se sont bien vendus. Du coup j’ai eu envie de créer une marque qui soit le reflet de ce qui m’intéressait dans la mode.
D’où t’est venu ce nom ?
J’ai pris ça de l’album des Beatles. Ce mélange de rock et d’indie avec divers éléments, c’est vraiment un truc qui me touche. Je voulais que ma marque transmette ce feeling. J’aime aussi beaucoup le titre du même nom des Rage Again The Machine, plein d’énergie. Mais le truc drôle c’est qu’à l’époque, je ne connaissais pas le sens de ce mot ! J’ai découvert ce qu’était un revolver bien après avoir déposé le nom. Pour moi un pistolet est complètement à l’opposé des Beatles, mais finalement j’aime bien ce paradoxe entre le sens et l’utilisation très pacifiste que j’en fait.
Considères-tu ta marque comme street wear ?
Revolver n’est pas complètement une marque de street wear pure et dure, mais plutôt l’alliance du casual, du prêt-à-porter chic et du street wear. Si tu portes une de mes pièces, même si elle a l’air très street wear comme un de mes sweat et que tu la combines à quelque chose de chic, ça fonctionne parfaitement. Idem pour mes pièces plus sophistiquées. Et ça, ce n’est pas évident pour du street wear.
Comment te positionnes-tu par rapport à la multitude de marques nées dans le quartier d’Harajuku ces dernières années ?
Revolver a commencé il y a 10 ans et depuis la collaboration avec So-Me, nous sommes maintenant liés à une scène musicale. Comparé aux autres marques, nous sommes portés par des fans de musique. Finalement cette marque a toujours été liée à la musique !
As-tu d’autres marques modèles, ou certaines dont tu te sens proche ?
J’aime bien les autres marques qui comme moi ont des racines musicales, comme Phenomenon ou Rockstar. Mais il y en a très peu au Japon. Sinon en terme de mode et de style pure, j’aime bien ce que font Martin Margiela, Comme Des Garçons et Undercover. Et je garde toujours un oeil sur les créations de Cassette Playa, BBC/Ice Cream et tous les graphismes de Skatething.
En France, ta marque est surtout connue pour tes collaborations avec So-Me, le D.A du label Ed Banger. Peut tu nous en dire plus sur votre connection ?
Il y a trois ans je cherchais un graphiste pour Revolver et j’ai fait appel à WSK, une agence anglaise. Quand ils m’ont montré les portfolio, j’ai tout de suite été touché par le travail de So-Me. Nous avons commencé notre collaboration par mail. Il était très intéressé par la marque, donc je lui ai raconté toute l’histoire de Revolver. Sa première création était destinée à une expo mais il a fait en sorte que les éléments qui la composaient puissent être utilisés pour des t-shirts. Il a réussi avec ce premier essai à mélanger son style et ses influences propres à tout ce qu’était Revolver. Nous nous sommes rencontrés six mois après lorsqu’il est venu exposer et ça a été le début de notre histoire commune.
Combien de collections avez vous produites ensemble ?
Ça fait donc trois ans que nous collaborons, à raison de deux collections par an, on en est donc à la sixième. Mais ça ne fait qu’un an qu’il est le graphiste unique de la marque. Je m’occupe personnellement du stylisme et lui du graphisme. Nous allons continuer comme ça. So-Me est celui qui a le mieux saisi la philosophie de Revolver. Mais ce n’est pas étonnant puisqu’il est lui-même attaché à une scène musicale. C’est une collaboration naturelle.
T’attendais-tu à la récente folie autour de ta marque ?
Cette année marque les 10 ans de Revolver, le nom est maintenant bien connu et suivi ici au Japon. Mais depuis récemment, avec l’explosion en parallèle de So-Me, j’ai été très surpris de l’intérêt que suscite ma marque dans le monde entier. Jusque-là, tout restait très centré sur le Japon, même si j’ai toujours voulu avoir une dimension internationale. Quand Kanye West a porté l’un des mes t-shirt dans son clip réalisé par So-Me, ça a donné une visibilité internationale énorme à nos créations. Sans parler du rapprochement qui s’est fait naturellement avec Ed Banger. J’ai bénéficié de leur explosion sans savoir que ça allait prendre de telles proportions.
Un mot sur tes projets dans un futur proche ?
En ce qui concerne notre collaboration créative, nous allons continuer dans la même direction, sans trop en faire. L’idée n’est pas de donner aux gens exactement ce qu’ils attendent mais de construire une réelle identité pour durer. J’avais une boutique tout en haut d’Harajuku que j’ai fermée l’année dernière. Tout le monde se demandait ce qui n’allait pas avec Revolver, mais maintenant je peux le dire : il va y avoir un tout nouveau Revolver Store encore plus grand et beau. Il sera à proximité du dernier Bape Store pour ceux qui connaissent le quartier d’Harajuku. Sinon, je vais venir pour une grosse soirée à Paris en septembre avec Ed Banger. Il faut que les gens sachent ce qu’est Revolver, qui sont les Tokyoïtes qui marchent avec So-Me ! Préparez-vous !
Revolver est en vente exclusive en France chez colette et sur Sold Out.