Helmut Smits a le rire grinçant, pratique l’attaque frontale et sait manier le second degré.... bref, il a tout pour plaire.
Le travail du néerlandais Helmut Smits fait sourire. Rire même parfois. Puis, comme une mauvaise odeur, peu à peu le cynisme s’installe. Et l’on déchante. On ne rigole plus. Mais on prend conscience, comme un violent retour de bâton, de notre environnement immédiat.
Prenons un exemple : The Real Thing. Une machine complexe, sorte de miniature du Cloaca de Wim Delvoye, produit de l’eau à partir de Coca-Cola. Retour à la santé ? Démonstration futile de la technologie moderne ? Non, juste le constat qu’en Inde, les populations proches des usines n’ont pas accès à l’eau potable à cause des besoins immenses nécessaires à la fabrication de la boisson auto-proclamée "The real thing". De quoi étancher votre soif de boisson gazeuse....
Autre exemple : le rire jaune, l’humour noir et la voiture blanche associés dans son intervention Parking for white cars only. Un vigile planté devant un cordon dans un parking souterrain n’autorise l’accès aux places qu’à des voitures blanches : dénonciation de la couleur de voiture la plus vendue, manquant cruellement de créativité pour l’oeil de l’artiste, ou chronique d’un racisme ordinaire ?
Mais Smits n’est pas toujours aussi acerbe dans ses démonstrations. Jouant sur les différents niveaux de perception et d’interprétation, Smits étonne, détone et éclaire les relations publicitaires à notre conscience assoupie. Il place par exemple des logos en contreplaqué peints, reprenants les marques ING, Lacoste et Puma dans leurs environnements "naturels" respectifs. Cette série, intitulée Territories s’amuse des territoires animaliers, de l’acharnement au marquage des publicitaires, de leurs luttes féroces. Combat inégal contre la nature. Idem, il reprend, dans Tree in front of billboard, les mêmes ingrédients en plantant un arbre devant un panneau publicitaire, destiné, en grandissant, à reprendre ses droits sur l’envahissement de la pub.
L’art public d’Helmut Smits n’est pas seulement revendicatif. Il est aussi doté d’une grande force poétique, dans les oeuvres Paddling pool fountain ou Clear Blue Sky par exemple, ou encore dans Street Fountain : une petite pompe posée dans une flaque d’eau provoquée par un trou dans le bitume et le léger désagrément urbain se transforme en petite fontaine, mini geyser, source d’imaginaire.... Car tel est aussi le but de l’art contemporain : transformer notre quotidien.